Giorgos Kaminis, maire d’Athènes
Giorgos Kaminis nous a reçu un après-midi de juin dans son bureau place Kostis au centre d’Athènes. Sous ses fenêtres, un artiste anglo-pakistanais exposait, dans le cadre de la rencontre d’art contemporain Documenta14, une tente de mariage traditionnelle sous laquelle touristes, athéniens dans le besoin, mendiants, réfugiés et étudiants se retrouvent chaque jour pour partager un repas offert par des associations. Toute la philosophie du maire est là : partage social, engagement citoyen, art et innovation.
Quels sont les grands projets à venir pour Athènes ?
Nous voulons qu’Athènes devienne une destination touristique en soi, et pas seulement un lieu de passage avec un arrêt à l’Acropole avant de poursuivre vers les îles. Depuis 3 ans, nous menons une politique active en ce sens qui commence à porter ses fruits. De plus en plus de touristes viennent tout au long de l’année, pour une durée de plus de 2 jours.
La campagne que nous menons avec l’aéroport et Aegean: « One city-never ending stories » montre une ville dynamique et contemporaine à l’image des grandes villes internationales. C’est une campagne entièrement digitale.
Sur le plan culturel, Athènes a gagné la compétition de l’UNESCO pour être la capitale mondiale du livre en 2018. L’ancien directeur du centre culturel de la Fondation Stavros Niarchos, Yannis Trohopoulos, va diriger cette opération qui promet d’être de grande qualité. Il a dirigé auparavant la bibliothèque municipale de Veria au nord de la Grèce, connue pour être une des plus novatrices et souvent primée.
Par ailleurs, nous avons commencé à transformer le centre d’Athènes en zone piétonne, avec de nouveaux matériaux et un aménagement paysager. Il est difficile de faire respecter la légalité dans l’espace public à Athènes, quand chacun se gare où il veut, fait le bruit qu’il veut, cependant nous tenons à faire ce qu’il faut pour être une ville européenne contemporaine.
Vous avez reçu en 2016 le 2ème prix du maire « le plus remarquable » du monde de la prestigieuse fondation City Mayors. Ce prix récompense votre politique en matière d’accueil des réfugiés. Quelle a été cette politique ?
Au cours de l’été 2015 des milliers de réfugiés se sont rassemblées autour du Pedion tou Areos et de la Place Victoria. Chaque jour de nouvelles personnes arrivaient. Il fallait trouver une solution, donner l’exemple aux autres villes de Grèce. Nous avons alors décidé d’ouvrir un camp à Eleonas, qu’il a fallu agrandir à deux reprises. Cela n’a pas été facile, car ce camp se trouve dans un quartier pauvre de la ville, il a fallu persuader les gens d’accepter cette nouvelle situation.
Puis, avec l’aide du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), nous avons mis en place un programme de logement en appartement pour les réfugiés en attente de relocation dans un autre pays. 278 appartements accueillent aujourd’hui 2646 personnes, en famille pour la plupart. Ils sont situés essentiellement dans les 5ème et 6ème arrondissements.
Enfin, pour garantir une meilleure coordination entre tous les acteurs de cette crise humanitaire, nous ouvrons ce mois de juin un centre de coordination rue Maizonos dans le quartier Metaxourgeio. Placé sous la responsabilité de la municipalité d’Athènes, ce centre a pu voir le jour grâce aux dons privés, notamment de la Fondation Stavros Niarchos.
Je ne vous cache pas cependant que l’intégration va être difficile. Nous avons fait une enquête récemment auprès des réfugiés. 80% d’entre eux ne veulent pas rester en Grèce. Il y a le barrage de la langue, la crise économique, et bien sûr l’envie de rejoindre les autres membres de la famille qui sont ailleurs en Europe.
Quelle est la réalisation dont vous êtes le plus fier ?
Notre action sociale. Depuis mon arrivée à la Mairie d’Athènes en janvier 2011, je n’ai eu de cesse de me battre pour protéger ceux qui ne sont pas les plus populaires. La gay parade, par exemple. Nous avons soutenu cette initiative dès le début, et nous sommes fiers qu’elle ait lieu place Syntagma cette année.
Nous apportons un soutien direct, sous forme de logement, vêtements, nourriture, à 26.000 personnes dans Athènes. Nous inaugurons en juin un nouvel immeuble de logement social qui accueillera 30 familles monoparentales.
Vous êtes connu pour être un défenseur de la société civile et vous avez mis en place un mode de gouvernance qui permet une vraie participation des citoyens à la gestion de la ville.
Oui, il s’agit du projet « SynAthina », qui a été primé par la Fondation Bloomberg il y a deux ans, parmi une sélection de 150 villes européennes. Un proverbe ancien dit : « Syn Athina kai chira kini.» : le citoyen athénien doit faire quelque chose pour sa ville et non pas tout attendre d’elle. Nous avons créée une plateforme web sur laquelle les citoyens peuvent faire part de leurs idées, échanger leurs expériences, travailler main dans la main avec la municipalité d’Athènes pour mettre en place des projets novateurs. Pour cela, nous avons créé un poste de maire-adjoint à la société civile.
Quel est, selon vous, le plus grand défi pour Athènes aujourd’hui ?
Rendre le centre d’Athènes attractif à nouveau et faire revenir les jeunes couples et les classes moyennes dans le centre ville. Pendant des années, le centre d’Athènes a été négligé. Les quartiers de Kipseli, Patissia, Agios Panteleimonas n’ont plus les infrastructures nécessaires pour accueillir des familles.
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