La Grèce et les Jeux Olympiques (1/4) : Olympie, là où tout a commencé
Dernièrement, les 28e Jeux Olympiques d’Hiver ont eu lieu à Pyeongchang. Des jeux sous le signe de la paix comme on a pu le voir lors de la cérémonie d’ouverture avec les deux Corée et leur unique drapeau. Comme tout le monde sait, les Jeux Olympiques ont été créé il y a plus de 2 500 ans sur le territoire grec. Bonjour Athènes vous propose à travers une série d’articles le lien unique des Jeux Olympiques avec la Grèce, une compétition qui a traversé les siècles et les frontières.
Une origine aux deux histoires
Comme pour tout durant l’Antiquité, il y a la réalité… et la mythologie grecque ! Il existe plusieurs mythes mais le plus connu concerne le roi Œnomaos qui organisa une course de chars à quiconque voulait épouser sa fille Hippodamie, après qu’un oracle lui annonça qu’il sera tué par son gendre. Si le roi gagnait, l’opposant était condamné à mort ; sinon il laissait le gagnant épouser sa fille, mais Œnomaos avait la réputation d’avoir les meilleurs chevaux du pays. Alors arrive Pélops, protégé de Poséidon et fou amoureux d’Hippodamie. Il demanda à Poséidon de l’aide pour gagner la course, et le dieu lui donna des chevaux ailés ! De plus il demanda à Myrtilos, le cocher du roi, de saboter le char de son mentor. Résultat : Œnomaos meurt pendant la course et Pélops épouse Hippodamie. Pour célébrer sa victoire, le vainqueur organise les premiers Jeux Olympiques.
Concernant l’histoire réelle de l’instauration de ces jeux, elle semble se passer en 884 av. J.-C. Le roi d’Élide Iphitos, à une époque où la Grèce est ravagée par la maladie et la guerre, alla voir la Pythie à Delphes qui lui annonce que s’il veut apaiser la colère des dieux, il fallait restaurer les Jeux Olympiques. C’est donc en 776 av J.-C. que l’on fixe la date des premiers jeux Olympiques, dans un esprit de paix : la célèbre trêve olympique. Une trêve qui s’applique un mois avant et un mois après, laissant le temps aux délégations de toutes les cités-états grecques de se rendre et de repartir d’Olympie sans se préoccuper des guerres qui pouvaient éclater sur le territoire au même moment.
Un programme chargé
Pendant plus de 1 000 ans, Olympie est le centre du monde hellénique tous les quatre ans, qui rassemblera toutes les cités-états dans un environnement de paix. Ils commencent traditionnellement au mois d’août lors de la 2e pleine lune après le solstice d’été avec un calendrier variant selon le nombre d’épreuves, passant d’une journée lors des premières éditions, jusqu’à cinq jours à son apogée. Des épreuves sont apparues au fil des éditions avec tout d’abord une seule épreuve en -776 le stade, une seule course de 192,27m ; puis des épreuves de combat, hippiques et d’autres épreuves de course ont émergé.
Les Jeux Olympiques ont commencé à prendre un rythme de croisière à partir du Ve siècle av. J.-C. avec 13 épreuves, étalées sur cinq jours. La première journée est dédiée à l’ouverture des jeux, avec des sacrifices en l’honneur de Zeus et de Pélops, s’en suit quatre jours de compétition entre l’hippodrome et le stade. Le dernier jour est consacré à la remise des prix aux vainqueurs, une couronne faite de feuilles d’olivier.
Les Jeux Panhelléniques
En parallèle des Jeux Olympiques, de nombreuses compétitions se sont créées essayant de recréer l’ambiance qu’il pouvait y avoir à Olympie, sans succès. Parmi elles, trois se démarquent puisque qu’avec les jeux Olympiques ils formaient les jeux Panhelléniques, les jeux pour tous les helléniques. Ces trois compétitions étaient organisées à Delphes, Némée et Corinthe avec respectivement les jeux Pythiques (en l’honneur d’Apollon), les jeux Néméens (en l’honneur d’Héraclès) et les jeux Isthmiques (en l’honneur de Poséidon). Ces jeux étaient quasiment semblables aux jeux Olympiques à quelques exceptions près comme les jeux Pythiques où la place de la musique était importante, de même à Delphes.
Contrairement aux jeux Olympiques, ces jeux n’avaient pas le même rythme. L’organisation était calquée sur l’unité de temps créée en parallèle des Jeux Olympiques : l’olympiade. Une olympiade durait quatre ans, soit la période entre deux JO. Les jeux Pythiques étaient aussi organisés tous les quatre ans, lors de la 3e année de l’olympiade ; les jeux Néméens et Ismiques qui se déroulaient tous les deux ans, étaient célébrés les 2e et la 4e année de l’olympiade.
Même à l’époque les Jeux avaient leurs champions. Parmi les plus grands sportifs de l’Antiquité, Milon de Crotone fait figure de surhomme. Combattant en tant que lutteur, il gagna 32 titres répartis en 16 ans, entre -532 et -516. Il a été cinq fois sacré « périodonique », c’est-à-dire que lors d’une même olympiade, il a gagné un titre dans chaque compétition. D’autres noms sont sortis du lot comme le coureur Léonidas de Rhodes et le pugiliste Théogènes de Thasos.
À l’arrivée des Romains, les jeux Olympiques n’ont pas décliné, participant même à la compétition. Cependant c’est à partir du IIe siècle que l’Empire Romain commença à copier et à affaiblir Olympie. Le coup fatal sera donné par l’empereur Théodose Ier qui mit un terme aux jeux Olympiques (et tous les jeux sportifs qui sont organisés en l’honneur de la religion) en 393 ap. J.-C., considérant ces jeux comme des jeux païens. Jusqu’à Pierre de Coubertin…
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Le saviez-vous ?
- Les femmes n’avaient pas le droit de participer aux jeux Olympiques, ni même d’assister aux compétitions. C’est pour cela qu’au cours du VIe siècle av. J.-C. les jeux Héréens sont créés ! Organisés deux semaines après les Jeux Olympiques, ces jeux étaient composés que d’une seule épreuve – une course de 160 mètres – mais divisée en trois catégories : enfants, jeunes filles et femmes non-mariées. Les gagnantes étaient récompensées par une couronne d’olivier sauvage et d’un morceau de viande d’une vache sacrifiée en l’honneur d’Héra.
- À l’entrée du stade, on pouvait voir des statues de Zeus en bronze, appelée les « Zanes », avec des noms gravés et des faits. Ces statues étaient érigées avec les amendes des sportifs qui ont été pris en train de tricher ! En effet ces noms et les faits étaient les patronymes des tricheurs et les actions pour lesquels ils ont été condamnés.
- Le nom de Pélops ne vous rappelle pas quelque chose, peut-être le nom d’une petite péninsule grecque du nom ? Littéralement traduit, Péloponnèse (en grec Πελοπόννησος) veut dire l’île de Pélops ! En effet celui-ci aurait, après avoir pris la place de son défunt beau-père, donna son nom à toute la péninsule.
Photos et article par Lucie Rochette––Montalieu
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