La Grèce et les Jeux Olympiques (2/4) : 1896, un retour au pays

La Grèce et les Jeux Olympiques (2/4) : 1896, un retour au pays

Dernièrement, les 28e Jeux Olympiques d’Hiver ont eu lieu à Pyeongchang. Des jeux sous le signe de la paix comme on a pu le voir lors de la cérémonie d’ouverture avec les deux Corée et leur unique drapeau. Comme tout le monde sait, les Jeux Olympiques ont été créé il y a plus de 2 500 ans sur le territoire grec. Bonjour Athènes vous propose à travers une série d’articles le lien unique des Jeux Olympiques avec la Grèce, une compétition qui a traversé les siècles et les frontières.

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Les prémices des jeux Olympiques en Europe

Après la redécouverte de l’Antiquité lors de la Renaissance, c’est la philosophie des Lumières qui remet les jeux Olympiques sur le devant de la scène lors du XVIIIe siècle, grâce à leurs inspirations guidées par la Grèce antique. C’est dans ce contexte qu’une première compétition liée à l’idée grecque a eu lieu à Paris en 1796 avec les premières Olympiades de la République. Une compétition qui attira les Parisiens en masse (plus de 150 000) qui ont vu les compétiteurs participer à des courses à pied, de chars ou encore à des combats de lutte. Un grand succès puisque trois éditions ont été organisées, jusqu’en 1798.

Au XIXe siècle, les découvertes archéologiques à Olympie ont fait resurgir cette envie de refaire des jeux comme lors de l’Antiquité. Les Jeux Olympiques de Rondeau voient le jour à Grenoble en 1832, des jeux qui se passent tous les quatre avec différentes disciplines comme la course à pied, la course de sacs ou le lancer de disque. Des jeux qui vont durer jusqu’en 1905. Ce ne sont pas les seuls jeux à caractère olympiques qui existeront puisqu’en Suède il y a eu les Jeux Olympiques Scandinaves en 1834, et un Festival Olympique en 1849 en Allemagne.

Les premiers Jeux à caractère olympique qui ont eu lieu à Athènes ont été les Jeux Panhelléniques de Zappas, créés par le philanthrope grec Evángelos Záppas, désireux de revoir ces jeux antiques revivre. Malgré trois éditions à partir de 1859, ce fut un grand fiasco dû au manque d’organisation. Lors de sa mort, il légua tout son argent à une « commission olympique ».

Un retour compliqué

C’est en France que le combat pour le retour des Jeux Olympiques commence à naître grâce à Pierre de Coubertin. Il commença sa campagne avec la création d’un Comité pour la propagation des exercices physique dans l’éducation en 1888, et essaye de rependre son idée, sans mentionner clairement les Jeux Olympiques.

En 1892, lors du Congrès à la Sorbonne dans le cadre de la commémoration du cinquième anniversaire de l’Union des sociétés françaises de sports athlétiques, Pierre de Coubertin prononça le premier discours où il émet pour la première fois son envie de faire revivre les Jeux Olympiques :

« Il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont fait plus pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. J’ai l’espoir que l’athlétisme fera encore plus. Ceux qui ont vu 30 000 personnes courir sous la pluie pour assister à un match de football ne trouveront pas que j’exagère. Exportons des rameurs, des coureurs, des escrimeurs voilà le libre-échange de l’avenir et le jour où il sera introduit dans les mœurs de la vieille Europe, la cause de la paix aura reçu un nouvel et puissant appui. Cela suffit pour encourager votre serviteur à songer maintenant à la seconde partie de son programme : le rétablissement des Jeux Olympiques. »

Pierre de Coubertin (1892)

 

Malheureusement, peu de personne le prend au sérieux lors de ce discours, ayant même reçu certaines moqueries. Cependant il n’abandonne pas et parcourra le monde pour trouver des soutiens, qu’il trouvera. C’est armé de ses soutiens qu’il convoquera en 1894 le Congrès international du renouveau athlétique avec comme question centrale l’amateurisme dans le sport. Après plusieurs commissions et discours, le 19 juin 1894 le « rétablissement des jeux Olympiques sur des bases conformes aux nécessités de la vie moderne » est voté, Pierre de Coubertin gagne enfin son combat. Seuls les amateurs pouvaient participer, à part pour l’escrime où les professionnels étaient acceptés. Pierre de Coubertin voulait la première édition des Jeux Olympiques à Paris en 1900, mais le comité a voté pour le retour logique des jeux à Athènes dès l’année 1896.

Le retour tant attendu

C’est ainsi que le 6 avril 1896 ont lieu les premiers Jeux Olympiques de l’ère moderne, inaugurés par la famille royale grecque et les membres du C.I.O dans le Stade panathénaïque, où résonne l’hymne olympique. Pendant six jours, les athlètes de 14 pays se sont affrontés dans neuf catégories différentes. Les épreuves se sont déroulées dans plusieurs parties de la ville, dont au stade Panathénaïque et au palais du Zappeion. Les piscines en ville n’existants pas, les épreuves de natation se déroulaient en pleine mer.

Les jeux se terminent le 15 avril avec la cérémonie de clôture, où les vainqueurs se sont vus remettre une branche d’olivier d’Olympie, un diplôme et une médaille d’argent (et non pas d’or). La remise des récompenses est suivie par un défilé des athlètes, dans un stade rempli où les places étaient gratuites. Un succès salué par les contemporains et les journalistes de l’époque.

Les Jeux Olympiques modernes étaient nés.

 

 

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Le saviez-vous ?

  • Pierre de Coubertin était opposé à la présence des femmes dans les épreuves olympiques. Selon lui « le rôle de la femme reste ce qu’il a toujours été : elle est avant tout la compagne de l’homme, la future mère de famille, et doit être élevée en vue de cet avenir immuable ».
  • Le Zappeion, qui a accueilli plusieurs épreuves des Jeux Olympiques, tient son nom du premier grec à avoir cru au retour des Jeux, Evángelos Záppas. La construction du bâtiment a été financée par son héritage : en effet, le bâtiment a été construit à partir de 1874 mais Záppas est décédé 10 ans avant, en 1865. Aujourd’hui, le bâtiment est utilisé pour des expositions ou des événements privés.
  • Le grec Spýros Loúis est le premier à avoir gagné le marathon, ce qu’il lui vaudra d’être acclamé par le stade entier à son arrivée. Il obtiendra une récompense spéciale (une coupe) et aura eu le privilège d’être en tête du cortège des athlètes le dernier jour. A l’époque, une expression a même vu le jour « Έγινε Λούης » (Égine Loúis) pour désigner quelqu’un qui est parti tellement vite qu’on n’a pas vu son départ.

Cortège des sportifs médaillés avec Spýros Loúis en tête

Lucie Rochette––Montalieu


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